Aliénor avait longtemps hésité avant de répondre à l'annonce aperçue sur le tableau de la fac, mais elle avait besoin d'argent pour acheter ces fameux livres dont ses professeurs parlaient tant et le baby-sitting lui semblait être le seul travail à sa porté, aussi avait elle finit par envoyer un message au fameux numéro, expliquant par la même occasion son handicap, elle avait craint que ce soit un frein mais elle avait été agréablement surprise de recevoir une réponse positive. Elle appréhendait un peu, elle n'avait jamais travaillé et étant la dernière, elle ne connaissait pas les enfants, encore moins les petits mais elle avait confiance, les enfants étaient de nature ouverte et curieuse, elle allait réussir à communiquer.

La jeune femme qui la fit rentrer chez elle était sympathique, Aliénor ne se sentit pas comme une bête curieuse, ça lui fit du bien. La mère lui présenta sa fille, un petit bout de cinq ans dont Ali tomba immédiatement sous le charme, elle lui fit un grand sourire que l'enfant lui rendit.La mère expliqua les quelques habitudes de sa fille avant de s’éclipser en lui suggérant d'aller se promener car il faisait assez beau, malgré le froid. Ali suivit le conseil, couvrant la petite autant que possible, elle quitta la maison, sa main tenant fermement l'enfant.

Elles arrivèrent rapidement au marché, il y avait foule, et Ali s'en voulut aussitôt d'avoir prit cette décision, elle n'avait pas vraiment l'habitude de tant de monde et ça l'angoissait un peu. La petite elle s'agitait, il y avait un tas de belles chose à voir et elle aurait aimé courir partout. Un bruit fit sursauté Ali, qui lâcha l'enfant quelques secondes, secondes suffisantes pour la voir filer, cette petite. Déli mit un instant à réaliser, et aussitôt elle paniqua, sa première réaction fut idiote, elle voulut appeler la petite, mais elle ne pouvait pas, bien évidemment. Elle se sentit tellement mal, elle se mit à paniquer, sa respiration devint saccadé et les larmes montèrent.

Elle gémit, bruit très étrange chez elle, ses yeux cherchaient partout, elle commence à bouger, chassant les larmes, la petite ne devait pas être loin, dans son empressement elle bouscula quelques passants. Elle fit plusieurs fois le tour, en vain, cette fois elle craqua de plus belle, tellement impuissante, elle se sentait terriblement coupable, une incapable. Elle se sentait une moins que rien, comment avait elle pût perdre la fillette, comment faire, elle qui ne pouvait pas crier, personne ne semblait la remarquer, elle déglutit, essayant de respirer convenablement, peine perdue, la panique contrôlait tout, l’empêchant de se calmer.

Kiara était de garde, enfin de patrouille. C'était la première fois depuis son accident. Elle pensait qu'elle allait devoir faire une descente chez le dealer de Slieve Gullion ou autre intervention, mais non ! Elle qui voulait tellement coffrer cette ordure qui vend de la drogue aux mineuses... Le Chef lui a dit d'aller au marché de noël, histoire de faire attention que les gens ne boivent pas trop de vin chaud... Que ça ne tourne pas mal comme les années précédentes. Pas qu'il y a eu de grave accident, mais certains, ont l'alcool facile et mauvais et avec le vin chaud, que certains stands servent gratuitement, il se peut que ça tourne vite mal... La jeune femme marche donc dans le froid de décembre regardant les gens, les stands. Elle rêvasse. Elle pense à Sara et à cette dispute. Cette stupide dispute qu'elle a eue à cause de son travail ! Si seulement elle pouvait arrêter ce métier. Mais c'est impossible pour elle, la police, c'est toute sa vie. Elle aime se sentir utile, elle aime ce qu'elle fait !

Le temps passe et défile, toute la journée, elle est restée au marché de noël et rien ne s'est passé. Mis à part un homme qui a crié au voleur pour rien. Quand Kia a entendu cette phrase, un sourire s'est posé sur son visage en une fraction de seconde. Elle s'est dit qu'elle allait pouvoir passer à l'action, mais non. C'était juste deux hommes qui rigolaient. Au loin, elle voit une femme blonde, une jeune fille même elle doit avoir vingt ans au maximum et encore. Elle voit agitée comme si quelque chose clochait, mais elle ne dit pas un mot. Elle ne crie pas, juste semble totalement paniquée. Un jeune homme s'approche doucement d'elle. Kiara ne fait trop attention sauf que son regard croise celui du jeune homme qui a l'air perdu aussi. Elle inspire doucement pour voir ce qu'il se passe, après tout, c'est son métier. Même s'il ne s'agit de pas grand chose, elle se doit d'aller au moins voir. Habillée de son uniforme de police, la brune s'avance doucement vers les deux jeunes.

« Bonsoir. Vous avez un problème ? »

Dit-elle calmement regardant les deux jeunes.

Ali se détestait a ce moment là, elle qui ne pouvait pas parler, pourquoi fallait il qu'elle perde cet enfant, elle s'en voulait, elle n'était pas capable de garder les yeux sur un enfant, elle avait eu peur d'un renne et voilà le résultat, elle ne pouvait rien faire, elle ne pouvait pas appeler la petite et personne ne semblait faire attention à elle, elle comprenait un peu pourquoi ses parents la protégeai de la sorte, pourquoi elle ne sortait jamais du domaine. Elle avait envie de se laisser tomber et de pleurer encore et encore, elle voulait ses sœurs, ses jumelles. Elle soupira et brusquement elle vit le jeune homme qui lui faisait face, elle le regarda, perdue et elle l'entendit lui demander si elle avait un problème, elle voulut répondre mais bien sur elle ne pouvait pas, son regard se raccrocha au yeux de l'autre. Elle voulut lever les mains mais elle regarda une policière qui s'approcha d'eux, elle se sentit à la fois soulagé et anxieuse, elle n'avait pas vraiment envie de se retrouver chez les flics, elle ne voulait pas qu'on commence à la questionner. Elle plaça ses yeux dans ceux de la policière, un instant elle se mit à signer avant de se dire que personne ne pourras comprendre, elle finit par sortir son téléphone de sa poche, elle soupira et commencé a résumer sa situation, elle tendit le téléphone au jeune homme, elle lui faisait plus confiance, la policière représentait une trop grande menace.