I'm waisting my young years.. ~ Hope - Grady

**Hope Sparkles**

I'm waisting my young years..

La panique. C'était en panique qu'elle s'était réveillée en pleine nuit. Hope avait eu mal au ventre toute la journée de la veille et maintenant, c'était comme si on lui enfonçait des lames dans l'abdomen. Bien sûr, elle n'en avait pas parlé à Julian pour éviter qu'il s'inquiète et surtout, pour éviter de lui parler du bébé. Elle n'était pas prête, elle avait trop peur. Rapidement, elle s'était levée et avait laissé un mot sur la table de chevet de Julian. C'était elle qui était de garde à la clinique vétérinaire, alors elle pouvait prendre ça comme excuse, une urgence ou quoi. Dehors, il pleuvait à torrent, il faisait froid mais elle prit le risque de sortir quand même. La jeune Sparkles ne pouvait pas rester à l'intérieur, elle avait besoin de prendre l'air. Vraiment. Vêtue alors d'un jean noir et d'un débardeur blanc moulant ses formes par dessus ses sous-vêtements, elle était donc sortie et avait commencé à marcher, se relaxant malgré la pluie qui lui tombait dessus sans cesse. Elle avait un gilet dans son sac mais ça allait faire la même chose, elle allait de toute façon être trempée. Marchant toujours, elle éclata en sanglots. Il devait être deux heures du matin et elle commençait à se demander si le sort ne s'acharnait pas sur elle. Ce bébé, il n'était pas voulu, et surtout pas après cette nuit horrible dont elle ne se souvenait qu'à moitié. Rapidement, elle se retrouva dans le quartier d'Ashgrove sans vraiment s'en rendre compte. Elle avait en fait déjà marché durant plus d'une heure. Trempée, elle continuait de marcher, se calmant. La douleur avait cessé mais elle avait toujours autant besoin de prendre l'air. Il était d'après la grande horloge trois heures du matin. Il allait peut-être falloir rentrer non ? Non, elle ne voulait pas rentrer, elle avait bien trop peur de la réaction de Julian et elle ne voulait pas qu'il s'en fasse.

Tournant en rond, elle se retrouva devant chez Grady, un copain qu'elle avait connu d'une amie à un anniversaire. Oui, c'était compliqué. La blonde hésitait à sonner chez lui. Elle avait froid et savait bien qu'il devait dormir à cette heure ci. Ce serait mal venu de le déranger en plein sommeil en pleine nuit. Hope souffla et fit demi-tour, reprenant sa marche sous la pluie devenue gelée. Le souffle court et les lèvres légèrement bleutées, elle fit à nouveau demi-tour et se retrouva devant chez Grady. Rapidement, elle attrapa son téléphone et l'appela, sans réponse. Puis, elle appela une seconde fois et souffla avant de raccrocher et de faire les cents-pas devant l'entrée de l'immeuble. Elle avait vraiment besoin de lui parler, elle avait confiance en lui et elle savait qu'il serait de bons conseils. Alors, elle sonna directement à sa porte, grelottant de froid. Les cheveux dégoulinants d'eau de pluie, elle attendait qu'on lui réponde, respirant rapidement, perdant à nouveau pieds dans le calme. Elle paniquait à nouveau. « Allez Grady, je t'en supplie.. Ouvres moi.. S'il te plaît... J'ai vraiment besoin de toi là.. Je t'en prie.. » Avait-elle murmurée en sanglotant, appuyée sur la porte.

**Grady Hunter**

Je me sens perdre pied. Morphée et ses bras m'appellent. Je ne rêve que de ça : dormir comme un bébé sans être hanté par des cauchemars. Je souris comme un bienheureux, serrant mon oreiller comme un gamin juste joyeux d'être dans son lit après une bonne journée de bêtises. Je me sens con, mais je suis trop fatigué pour remarquer quoi que ce soit, aussi je me laisse bercer par les doux murmures de la pluie qui clapote sur le toit. Lâcher prise. Cette fois, je sais que je n'aurais ni cauchemars, ni insomnies. Lorsque ça m'arrive, j'ai toujours un pincement au ventre. Là, je me sens parfaitement bien. Je n'ai pas à m'inquiéter. Ma nuit va bien se passer.

Je me réveille en sursaut lorsque j'entends la sonnette de la porte d'entrée. Je mets du temps à habituer mes yeux à l'obscurité. Je jette un coup d’œil sur mon réveil avant de me demander qui peut bien sonner à une heure pareille. Je prends soudain peur. Quand j'étais gosse, on me racontait qu'un certain Jack l’Éventreur entrait chez les gens pendant leur sommeil et les découpait à la tronçonneuse. Est-ce que ça risque de m'arriver aujourd'hui ? Est-ce que c'est réellement ce Jack à ma porte ? Si ça avait été lui, il n'aurait pas pris la peine de sonner, j'imagine. Le mystère reste donc entier quant à l'identité de la personne qui se trouve derrière ma porte d'entrée.

J'allume la lumière et cligne des yeux. Il pleut toujours autant que plus tôt dans la soirée, si ce n'est plus. Je soupire. J'ai vraiment pas envie de me déranger pour un ivrogne qui s'est trompé de maison. Pour une fois que j'arrivais à dormir. Je me lève et jette un coup d’œil sur mon portable. Je remarque avec étonnement que Hope a essayé de m'appeler il y a quelques minutes. Quand je vous dis que je dormais profondément... Je sens tout mon corps se détendre. Ça doit être elle qui sonne à la porte. Mais tout va bien alors ! Je souris de nouveau.

Je pile net au milieu du couloir. Non. Si Hope tente de m'appeler à deux heures du matin avant de venir chez moi, c'est qu'il y a une bonne raison. Et cette raison est suffisamment grave et urgente pour que ça l'oblige à requérir mon aide. Je presse le pas en me mordant la lèvre. Elle a besoin d'aide. Pas besoin de s'appeler Sherlock pour le deviner. J'ouvre la porte, avant de rattraper la jeune fille qui s'appuyait dessus à la dernière seconde. J'ai à peine le temps de deviner à qui appartient cette crinière blonde que je la redresse maladroitement. On a pas idée de s'adosser à une porte à laquelle on vient de sonner. C'est dangereux, nom de dieu !

« Hope ? Euh... Entre ! »

Je la pousse à l'intérieur, elle n'a franchement pas bonne mine. Je l'oblige à me suivre dans le corridor, la fait enjamber quelques cartons, avant de la faire asseoir sur le divan. Elle semble mal en point. Je cours lui chercher une couverture avec laquelle je la ficelle presque. Elle tremble. Elle est trempée. Je me mord l'intérieur de la joue, je ne sais pas vraiment quoi faire de plus en attendant qu'elle se décide à ouvrir la bouche. Elle paraît choquée ; je suis son ami. Je ne suis pas censé faire quelque chose dans cette situation ? Une idée me vient soudain et je disparais dans la cuisine pour revenir quelques minutes plus tard avec un bon chocolat chaud que je cale dans ses mains.

« Mi casa es tu casa.* »

Je m'assois dans un fauteuil en face d'elle. Elle est pâle comme un linge et a les lèvres violacées. J'aimerais tant lui apporter plus qu'une vieille couverture qui sent le vomi et un pauvre chocolat chaud dans une tasse ébréchée. Je fais un bien piètre ami. Mais si elle a appris à m'apprécier, ce n'est pas maintenant qu'elle va m'envoyer balader. Et puisque apparemment c'est elle qui a besoin de parler et qui est venue de son plein gré chez moi, elle va certainement me dire ce qui la tracasse.

« Alors, dis-moi, c'est quoi le problème ? »

Je pose prudemment une main sur son bras, je veux être le plus rassurant possible, tout en restant sincère. Je sais qu'elle me fait confiance, et je suis prêt à la conseiller tant qu'elle le voudra. Même si demain je sais que je m'en prendrais plein la gueule. Mais demain c'est encore loin.

*Ma maison est ta maison

**Hope Sparkles**

I'm waisting my young years..

Hope avait la mauvaise habitude de s'appuyer sur la porte. Sanglotant, elle n'entendait pas ce qu'il se passait à l'intérieur de l'appartement. Elle tremblait et failli tomber lorsque Grady se décida à ouvrir la porte. Le voir, simplement le voir lui fit déjà beaucoup de bien. La blonde se sentit rassurée, elle n'allait pas devoir repartir ou bien attendre devant sa porte jusqu'au petit matin. Tremblotant, elle le regarda un instant alors qu'il la fit entrer, plutôt maladroitement, comme toujours, tous les deux étaient très maladroits, ça avait été d'ailleurs ça qui les avaient fait se rapprocher. Le suivant rapidement dans l'appartement, elle regarda tout ce qui se trouvait autour d'eux jusqu'au moment où elle se retrouva assise sur le divan, emmitoufflée dans une couverture. Ses lèvres tremblaient, elle clignait des paupières et un souffle saccadé venait à s'échapper de ses lèvres. Lorsqu'il disparu dans la cuisine, elle ferma un peu les yeux et essaya de se calmer et de calmer ses sanglots. Les perles salées se perdaient sur son visage parmi les gouttes d'eau de pluie qui s'étaient écrasées sur sa peau. La blonde n'avait pas fait attention à l'odeur particulière de la couverture, elle s'en fichait en fait, et essaya de sourire lorsqu'il lui apporta un chocolat chaud. Il se souvenait que c'était sa boisson préférée, c'était adorable. « Merci Grady.. » Avait-elle murmurée en le regardant, se réchauffant les mains avec la tasse. Il venait de lui poser la fameuse question et posa sa mai sur son bras. Hope le regarda un instant et puis baissa les yeux vers son chocolat chaud. Doucement, elle porta la tasse à ses lèvres et but une puis deux gorgées avant de le regarder à nouveau. Son chocolat chaud était très bon, justement sucré et ça lui fit du bien. Son corps se réchauffait petit à petit alors qu'elle était toujours trempée.

Comment le lui dire ? Elle n'était pas prête à le dire à Julian car elle ne savait pas comment le lui dire, et pire, elle ne voulait pas avoir à reparler de cette nuit là. Mais elle préféra être directe avec Grady, elle savait qu'il ne porterait pas forcément de jugement. « Je.. » La blonde hésita un instant et se mordit la lèvre inférieure. « Il y a deux mois, j'ai été à l'anniversaire d'une copine... Et un homme a mit quelque chose dans mon verre. Un comprimé.. » Le visage de la jeune Sparkles changea doucement, comme de la honte pouvait se lire sur son visage. « Il m'a violé... » Murmura-t-elle alors doucement, la voix cassée, essayant de se retenir d'exploser en sanglots. Ses lèvres tremblaient d'autant plus ainsi que sa voix qui n'était plus du tout certaine à présent. « Je.. Je ne voulais pas le dire.. Je.. Je ne voulais pas le dire à Julian mais maintenant je suis obligée... » Avait-elle ajoutée en secouant la tête, grimaçant. « Il y a deux semaines, j'ai apprit que j'étais enceinte.. Grady.. Je porte l'enfant de l'homme qui m'a violé.. » Dit-elle à présent avec la mine dégoûtée, honteuse, laissant de silencieuses perles salées couler le long de ses joues blanches. Voilà, c'était dit, elle avait lâché ça comme une bombe. Une bombe à retardement, voilà ce qu'était ce bébé dont Hope ne voulait pas. Elle ne voulait pas de cet enfant, ce n'était pas celui de Julian, c'était le fruit d'une nuit horrible dont elle devait subir les conséquences seule et démunie de tout bien. La blonde se souvenait de cette nuit en détails, elle ne voulait pas revivre cette nuit à chaque fois qu'elle regarderait ce bébé. Et puis elle ne l'aimerait pas, c'était triste à dire mais elle savait qu'elle n'arriverait pas à aimer ce bébé. Certes, elle voulait des enfants, mais pas dans ces conditions, pas dans ces circonstances, et surtout pas avec un autre homme que Julian. Elle ne voulait pas que Julian pense qu'elle voulait lui cacher, elle n'était simplement pas prête à en parler, c'était tout. La blonde avait peur, elle était totalement perdue et ne savait plus quoi faire. « Grady... Je dois lui dire.. Mais comment ? Je sais plus quoi faire là.. Il va croire que je lui ai menti délibérément.. Mais je suis pas prête à en parler... Je lui avais jamais menti, jamais.. Mais là c'est trop dur.. Je peux pas... »

**Grady Hunter**

J'espère que je ne fais pas d'erreur, qu'elle ne va pas ma sauter à la gorge à cause d'une saute d'humeur, à vrai dire j'ai un peu peur de ses réactions mais seulement parce qu'elle m'a l'air déséquilibrée. Puis je me rends compte que Hope est une amie, une vraie amie, et que je suis pathétique à douter d'elle ainsi, elle ne me ferait jamais de mal, je le sais, même sous l'emprise d'une drogue quelconque. C'est aussi à ce moment-là que je réalise à quel point je tiens à elle, si elle faisait une connerie, je ne me le pardonnerais jamais, alors je fais la promesse silencieuse de l'aider autant que possible, surtout qu'elle n'a pas l'air en forme ses derniers temps.

Je lui souris, je veux qu'elle se sente à l'aise chez moi comme je l'ai dit plus tôt, mi casa es tu casa. Et c'est vrai, je le pense vraiment, ma maison est sienne et j'espère qu'elle le sait. Je me penche vers l'avant pour mieux entendre ses paroles à peine audibles, je suis content qu'elle me pense fiable, qu'elle me raconte ce qui la tracasse. Cependant, au fur et à mesure qu'elle parle j'ai peur de comprendre, trop de choses, trop d'émotions se bousculent en moi, de la haine au désespoir, je suis tout à coup terrifié devant ce monde hostile que je découvre sous un autre jour ; non Grady il n'a jamais été fait de licornes et de moutons roses. Je ne sais vraiment pas comment réagir ni quelle posture adopter, je suis tout simplement dégoûté. Tout ça me dépasse, c'est trop, si je réagis ainsi alors comment Julian, lui, réagira ?

Je me rends compte que je suis en train de serre mes accoudoirs avec une force dont je ne me serais jamais cru capable, je me demande comment j'ai pu ne pas le sentir, tout ça, comment on a pu faire du mal à Hope, ma Hope. J'imagine tellement mal la scène, pour moi elle est indestructible, c'est une tigresse, une chasseresse, une prédatrice et non une proie. Mais elle me paraît tellement vulnérable que faute de trouver quoi dire, je m'assois près d'elle pour la serrer dans mes bras. C'est la meilleure chose à faire. Je laisse planer un long silence avant de reprendre la parole, toujours sous le choc.

« Je... Franchement, je n'ai jamais eu affaire à ce genre de situation, et... et... si tu veux mon avis, la meilleure chose à faire est de te dire que tu as le choix. » Je prends une grande inspiration avant de poursuivre : « Tu as le choix, oui Hope. Tu peux mettre au courant Julian ou te taire. Tu peux garder le bébé ou refuser sa légitimité. On a toujours le choix. La seule différence, ça sera la chose que tu vas ressentir. Imagine toi... Imagine toi les yeux de ces femmes qui s'apprêtent à avorter. Regarde leurs larmes et leurs regrets lorsqu'elle sortent de chez le médecin. Elles ont l'air heureuses, tu crois ? Elles sont prêtes à recommencer leur vie à zéro ? »

Ça doit être la première fois que je parle avec autant de maturité, et surtout, de gravité dans la voix. Je suis sérieux. Je ne suis plus ce gosse innocent qui passe ses heures à construire sa locomotive en carton, mais bel et bien Grady Hunter, adulte dans la vie active. Et ça ça me fait du bien cette bouffée d'air frais. Je serre fort la main de Hope. Je veux qu'elle sache ce que je pense. C'est une mauvaise idée de ne pas mettre Julian au courant. Je sais ce qu'il ressentira ; je le ressens en ce moment-même. Mais j'ignore jusqu'où il ira...

**Hope Sparkles**

I'm waisting my young years..

Hope le laissa faire et se blottit dans ses bras, nichant faiblement son visage dans son cou, essayant de se calmer alors que ses sanglots ne faisaient que de redoubler. Faible, c'était le mot qui la qualifiait en ce moment même. Elle avait peur, peur de tout. Vu de l'exérieur, tout avait l'air si facile, si gratifiant. Simple. Non, ce n'était pas simple, rien n'était simple, rien n'était gratifiant. Du point de vue de Hope, tout était à présent désagréable, sombre, injuste. Grady était son seul ami à qui elle pouvait se confier, il était son seul ami en fait. Il était le seul qui arrivait à la faire sourire quand tout allait mal, il était le seul qui arrivait à lui redonner confiance en elle. Et elle essayait tant bien que mal d'être auprès de lui à n'importe quel moment, mais il n'était pas comme elle, il ne se confiait pas aussi facilement qu'elle. La blonde tremblait, elle savait qu'il fallait qu'elle se reprenne mais là, elle était au bord du rouleau. Elle avait marché jusqu'à chez lui sous la pluie, inconsciemment. Et maintenant, il savait lui aussi. Il était impliqué dans la confidence. Hope savait qu'il était sous le choc, il ne la voyait pas comme ça mais plutôt forte et imprévisible. Non, Hope n'était plus forte, elle était faible, faible à en mentir à son petit ami. Il essayait de parler et tant bien que mal, Hope tentait de se calmer. Il bégayait un peu au début et puis sa voix calme et sûre prit place. Il essayait de l'aider, il lui parlait avec étrangement beaucoup plus de maturité que d'habitude. Son ami comprenait la gravité de la situation et il agissait en conséquences. Lentement, elle releva la tête, serrant tendrement sa main bien que son visage était couvert de larmes et que son corps était faible.

« Je.. Je veux un enfant Grady.. Du plus profond de mon cœur. Mais cet enfant là... Il me rappellera sans cesse cette nuit là. Cette nuit horrible... Je peux pas... Le regarder sera impossible.. L'aimer... Non.. Grady je peux pas... C'est horrible je sais mais.. Je.. »

Hope se bloqua et le regarda. Ses yeux étaient emplis de larmes et elle souffla. Il était bien plus qu'un ami, bien plus que son meilleur ami. Elle le considérait un peu comme son frère, elle n'avait pas de frère et sœurs et avait vécu la plupart du temps seule, elle avait grandit seule jusqu'à Julian. Et même à l'école, elle n'arrivait pas à se lier d'amitier, les personnes qui l'entouraient étaient tellement superficielles que ça avait le don de la rendre malade. Grady était comme son frère et tous les conseils qu'il pouvait lui apporter étaient bons à prendre.

« Je.. Il faut que j'en parle à Julian.. Et il faut qu'on prenne une décision ensemble mais.. Moi.. Moi personnellement, je ne veux pas le garder.. Je ne veux pas.. Je peux pas.. Ce bébé.. N'était pas voulu et je ne veux pas que parce que j'ai décidé de le garder il en pâtisse toute sa vie, je ne l'aimerais pas, je le sais.. Et Julian.. Ce n'est pas un monstre, je sais.. Mais il ne va pas l'aimer non plus... Imagine que la femme que tu aimes porte l'enfant d'un autre ? Imagine que tu sois obligé de lui torcher le cul alors que ce n'est pas le tien ? Imagine qu'en pleine nuit il te réveille parce qu'il a faim et ce n'est pas le tien ! Non.. Tout ça.. Tout ça va nous tuer.. Julian ne supportera pas une vie comme ça.. Il va déjà avoir du mal à accepter le fait que j'ai été violée.. Alors enceinte par celui qui m'a fait ça... »

La blonde secouait doucement la tête et souffla doucement, faiblement, baissant les yeux. On pouvait lire la honte dans ses yeux, on pouvait lire la déception de soit même dans son regard qui lui commençait à se perdre sous les larmes silencieuses qui allaient inonder son visage.

**Grady Hunter**

Je soupire bruyamment, j'ai envie de casser un truc, là, tout de suite, ça me ferait mal mais ça ne serait pas aussi douloureux que cette souffrance en moi, comme si on me touillait les intestins avec une petite cuillère. J'aurais tant voulu que Hope garde cette nouvelle pour elle, c'est ce que j'aurais aimé du plus profond de mon cœur, même si malheureusement il fallu qu'elle frappe à ma porte cette nuit-là et que je lui ouvre sans réfléchir. Mais dans tous les cas, il valait mieux qu'elle le dise à quelqu'un, moi je ne suis qu'un incapable, je ne suis pas de bon conseil, elle aurait dû le remarquer depuis longtemps, mais non, c'est vers moi qu'elle s'est tourné et au fond je lui en veux un peu. Avant de me rendre compte que c'est tout à fait injustifié, qu'elle a tous les droits, que c'est ma meilleure amie, ma sœur, et qu'il est de mon devoir de l'aider, je ne suis pas là pour rien, je ne lui ai pas donné cette couverture ou ce chocolat chaud pour rien. Non, je la connais, je la connais tellement bien, malgré ce que je peux penser moi-même, même si parfois je me sens si indigne de sa compagnie. Elle mériterait tellement mieux...

Il se passe une éternité avant que j'ose parler avec calme, j'essaie tant bien que mal de contenir ma colère, je me vais violence pour ne pas me lever et casser ce vase qui me nargue sur la table, pour ne pas hurler ma rage puis retourner m'asseoir près d'elle alors que je l'effraie, non ce n'est pas une bonne idée, mais sérieusement je ne sais plus quoi faire. Je me sens un peu lâche, elle attend beaucoup de moi, peut-être trop, mais quand je songe que je suis important à ses yeux, aussi important qu'un vrai confident, ça me flatte – un peu trop je l'avoue –, même si franchement ce n'est pas vraiment le moment de s'enorgueillir. Quand j'y pense, je me dis que ce n'est pas ma meilleure amie pour rien, je l'ai longtemps considérée comme une étrangère parce que je n'avais plus confiance en personne, mais cette époque est révolue, elle est liée à moi plus que tout, peut-être pas autant qu'elle et Julian mais il est certain que je compte pour elle, y'a pas photo. C'est avec plus de calme que je lui réponds enfin :

« Ne t'en fais pas Hope, regarde je suis là, je suis en train de te lâcher ? Non. Alors regarde-moi, fais confiance à la vie. Cet homme... a profité de toi, mais ce n'est pas pour autant que tout le reste ne compte plus et qu'il faut abandonner la bataille. Si tu tiens vraiment à Julian, il le comprendra. Il faut toujours se battre pour ce que l'on veut. Tu es Hope oui ou non ? »

Je sais, mes paroles ne sont ni rassurantes, ni dans le contexte, mais il fallait que je dise ça, d'une manière ou d'une autre. Je sens sa chaleur contre moi, ça me rassure et j'espère qu'elle ressent le même sentiment de bien-être, je ne suis pas là pour faire joli apparemment et ça m'en donnerait presque le sourire. Je lui caresse tendrement les cheveux, je veux qu'elle se sente bien, qu'elle réfléchisse à tout ça à tête reposée, lui dire qu'elle a le temps de choisir, de réfléchir. Je ferme un instant les yeux, méditant un temps mes paroles, je lâche parfois vraiment n'importe quoi, mais si je l'ai dit c'est que c'est sûrement la vérité, ce que je pense au fond de moi. Et moi je veux retrouver la vraie Hope, celle qui a plus de prestance et qui fait toujours face à la situation posément.
Celle qui se bat toujours becs et ongles pour ce qu'elle est. Ce qu'elle a. Et surtout, ce qu'elle veut.

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