« Dis papa, pourquoi maman elle est triste ? » C'était bien la voix de la petite Hope que l'on venait d'entendre dans ce couloir d'hôpital. Elle n'avait que quatre ans et pourtant, cette jeune fille était des plus intelligentes. Revenons un peu en arrière pour comprendre.

C'était un soir de mai, le 19 mai 1990 pour être plus exact. Amelia et Jackson Sparkles étaient invités à l'anniversaire de la sœur de Jackson. Amelia était enceinte de sept mois et d'après les médecins, pouvait encore se permettre de se déplacer comme bon lui semblait. Il devait être vingt-trois heures lorsqu'ils décidèrent de rentrer à la maison. Amelia n'avait pas bu, non, elle ne buvait jamais, tout comme Jackson. Pas depuis qu'il savait qu'ils allaient avoir un bébé. Pourtant, le conducteur de la voiture qui arriva sur le côté, lui, il se fichait pas mal de savoir qu'Amelia était enceinte. Alors il avait but. Il était même ivre et il avait prit la décision de prendre le volant. Quelques minutes plus tard, on pouvait voir une marre de sang sur le sol. Jackson avait réussi à sortir Amelia de la voiture mais elle était inconsciente. Le chauffeur de l'autre voiture était mort et lorsque les pompiers arrivèrent pour les aider, ils affirmèrent qu'il était peut-être déjà trop tard pour sauver le bébé. Minuit vingt-deux. « C'est une fille ! Félicitations ! » Ce fut la première chose que Jackson entendit lorsqu'il vit un médecin sortir du bloc opératoire où Amelia était. « Elle est en train de se faire examiner mais elle va bien, tout comme votre femme ! » Avait-dit alors le chirurgien. Hope avait été leur premier enfant. Mais aussi leur dernier. Bien avant Hope, ils avaient essayé d'avoir un enfant mais Amelia fit des fausses-couches à répétitions. Pourtant, les deux jeunes parents avaient gardés espoir, d'où le prénom de leur petite fille.

Quelques années plus tard, quatre ans et six mois, Amelia apprit qu'elle avait un cancer, une tumeur au cerveau qui affectait sa mémoire et ses sens. « Dis papa, pourquoi maman elle est triste ? » Mais personne ne lui répondit. Son père n'était plus là, il ne faisait plus attention aux personnes qui l'entouraient. Amelia venait de l'interdire d'entrer dans sa chambre. Lorsque Hope entra dans la chambre de sa maman, elle comprit alors qu'elle n'allait plus pouvoir compter sur sa mère pour veiller sur elle mais que sa mère allait devoir compter sur sa fille pour pouvoir essayer d'aller mieux. La petite tête blonde tenta une approche mais les seuls mots qui sortirent de la bouche de sa mère furent affreux. « Laisses moi. Je veux mourir seule. » Malgré ça, la petite fille sortit de la chambre et alla demander à un médecin si elle pouvait avoir un chocolat chaud pour sa mère. Et lorsqu'elle revint devant la chambre, il n'y avait que sang et horreur. Amelia avait profité d'être seule pour s'ouvrir les veines à l'aide d'un bistouri et de mourir plus rapidement que prévu.

A l'école, Hope a toujours fait ce qu'il fallait pour rendre son père fier d'elle. Mais il ne faisait plus attention à elle. Ne se faisant pas trop remarquer, elle remarquait pourtant les autres et leur comportements. Et puis la petite fille grandit et petit à petit, elle se faisait remarquer, de part son enthousiasme et sa beauté. Mais aussi par le fait qu'elle n'hésitait pas à se faire coller à la place des autres pour protéger ses amis. Elle avait à présent quatorze ans lorsqu'elle se rendit compte que les personnes qui l'entouraient n'étaient là que par intérêt. Son père la laissa à sa tante pour pouvoir se consacrer à sa toute nouvelle passion, l'alcool et elle n'en fut que ravie d'avoir enfin quelqu'un sur qui compter réellement. Sa tante, Joséphine, a toujours agit comme mère envers elle. Ne pouvant pas avoir d'enfant, elle fut ravie de pouvoir se consacrer à sa nièce. Puis, elle avoua quelque chose qu'elle avait gardé au profond de son esprit. Elle voulait travailler auprès d'animaux depuis toujours. C'est pour cela que très rapidement, elle se spécialisait en biologie animale, en soins et surtout en espèces les plus difficiles à soigner.

Hope n'avait que quinze ans lorsqu'elle rencontra officiellement Julian. Ils s'étaient rencontrés à une soirée où elle avait été invitée par hasard par une de ses copines. Et très rapidement, il su la mettre en confiance. C'est une certitude car elle se laissa faire et fit même sa première fois avec lui après quelques verres. Le lendemain, elle ne s'attendait pas du tout à recevoir son appel, lui, le grand Julian qui s'enfilait toutes les filles qu'il voyait. « Allô Hope ? C'est Julian.. » La jeune femme ne savait pas du tout quoi répondre et sa fierté certainement lui fit lui répondre assez sèchement, d'ailleurs, elle s'en voulait pour ça. « Oui.. Comment tu vas ?.. Enfin, pourquoi tu m'appelles ? » A cet instant précis, la jeune adolescente se demandait tout simplement pourquoi elle avait répondu au téléphone. Mais la réponse de Julian ne la laissa pas indifférente. « Ça va.. Bah je ne sais pas trop, mais j'aimerais qu'on se revoit.. J'ai pas l'habitude de dire ça, mais je trouve très mignonne et tu me plais.. » Elle lui plaisait ? C'était une blague ou un pari stupide avec ses amis ? Non, il était sincère, elle pouvait l'entendre dans sa voix. Alors, elle accepta de le revoir mais lui avoua qu'elle voulait prendre son temps et pouvoir le connaître autrement que physiquement. Ce qu'il accepta sans hésiter, puisqu'il était sincère avec elle.

Hope ne pouvait pas supporter les fréquentations de Julian, c'est pourquoi elle lui demanda de faire des efforts et elle l'aida même à stopper la drogue ainsi que l'alcool. C'était la moindre des choses, elle ne voulait pas qu'il se tue à cause d'une de ces conneries. Joséphine, la tante de Hope avait toujours vu d'un très bon œil la relation que les deux amoureux entretenaient. Et elle les soutenait même. Ce fut alors pour ceci qu'elle accepta de laisser Hope partir vivre avec Julian lorsqu'il le lui proposa. La situation fut bouleversée par le décès du père de Julian. Alors qu'ils parlaient mariage, ce qui était une grande première pour la jeune femme qui n'avait que dix-neufs ans, Julian reçu un appel de sa mère. Et puis tout se passa très vite. Hope était là, elle le tenait dans ses bras, le soutenant, pleurant même avec lui, il était vrai que plusieurs fois elle avait vu le père de son petit ami et il lui avait toujours été très chaleureux envers elle. « Chhhh.. Je suis là.. Je suis là.. » Murmurait-elle alors doucement en lui frottant tendrement le dos, le serrant fort dans ses bras. A dix-neufs ans, elle savait comme n'importe qui à quel point ça pouvait faire mal de perdre un être cher.

Quelques années plus tard, deux ans environs, elle apprit une bonne nouvelle. Oui, elle avait passé le concours pour pouvoir enfin travailler en clinique vétérinaire. Mais pour ça, ils allaient devoir déménager. Ce fut alors à contre cœur qu'ils s'installèrent à Newry pour qu'elle puisse accomplir son rêve. Petit à petit, la jeune Sparkles s'habitua à cette nouvelle ville, tout comme son petit-ami. Jamais elle ne le remercierait assez pour avoir accepté de partir avec elle. Et il avait reprit une petite librairie et tous les jours, elle venait le voir, ils mangeaient ensemble pour le déjeuner. Mais la vie de la jeune blonde n'allait pas tarder à être bouleversée.

Vingt-quatre ans. Hope avait été invitée à l'anniversaire d'une amie et Julian n'avait pas souhaité venir. Il avait eu une semaine chargée et la blonde le comprenait, c'était difficile de gérer une librairie seul. Elle s'était donc rendue à cet anniversaire seule. La brune n'avait pas bu une goutte d'alcool depuis le début de la soirée et lorsqu'un ami à son amie qui fêtait son anniversaire lui proposa un verre, elle accepta naïvement. Quelques heures plus tard, elle se réveilla dans un lit, nue et complètement déboussolée. Ce n'était pas Julian qui était avec elle non. Lorsqu'elle essaya de se relever, l'homme en question l'a retint. « Non mais j'en ai pas fini avec toi. Tiens, prends ça ! » Avait-il dit en la forçant à avaler un comprimé. La blonde ne savait pas ce qu'il se passait et elle ne savait plus du tout où ni qui elle était. Son corps était en feu et l'homme était tout simplement en train de profiter d'elle. Il était deux fois plus fort qu'elle et elle pleurait, ne comprenant plus rien. Lorsqu'il en eu finit avec elle, il sortit de la pièce après avoir récupéré ses vêtements. La blonde n'avait pas été en état de se relever, passant juste la nuit chez son amie qui ne se doutait de rien.

Le lendemain matin, huit heure, lorsqu'elle se réveilla, elle commença à paniquer et elle se leva, déboussolée, se remémorant les instants de la soirée ainsi que de la nuit. Tout se mélangeait dans sa tête et elle décida d'aller à l'hôpital. Une fois les examens faits et les papiers remplis, elle parla avec deux agents de police, leur expliquant le cas. Tout était bien prit en note. La blonde avait des bleus sur les hanches et un dans la nuque, l'homme avait fait preuve de force avec elle et elle ne se souvenait de rien. Alors, elle prit les médicaments qu'ils lui avaient donnés à l'hôpital, ainsi que la pilule du lendemain au cas où et rentra à la maison. Julian n'était pas là et elle appela son patron à la clinique vétérinaire, s'excusant de son absence.

Depuis, elle agit presque machinalement lorsque Julian est prêt d'elle, elle refuse presque qu'il la touche et refuse les relations sexuelles. Elle est étrange et elle le sait, mais elle est traumatisée et n'arrive pas à en parler avec son petit-ami. L'homme qu'elle aime plus que tout ne comprenait pas ses réactions et petit à petit, elle se renfermait sur elle même. Plusieurs fois en pleine nuit, la jeune femme s'était levée et s'était installée dans le canapé, pleurant en silence, essayant de se calmer, d'oublier. Mais oublier était impossible. Deux mois après cette soirée, elle apprit qu'elle attendait un enfant. Il fallait qu'elle le lui dise. Qu'elle lui raconte toute la soirée, qu'elle lui montre les papiers, sinon, il n'allait pas la croire ou pire, il allait l'abandonner. Hope ne voulait pas de cet enfant, ce n'était pas celui de Julian alors elle n'en voulait pas, ce n'était pas juste et pourtant, elle allait devoir faire face à la situation, comme une grande. Comment allait-elle faire pour lui dire en évitant de lui faire une crise d'angoisse sous le nez ? Allait-il l'accepter ? Ou bien l'abandonner ? Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle l'aimait et qu'il était tout ce qui lui restait à présent, elle ne se voyait pas sans lui. Alors s'il l'abandonnait, ce serait la fin de tout.

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